Un matin catastrophique

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  • Katryne Beaupré
  • 01 novembre 2023

Quand rien ne va plus, qu'on est pressé et que la tension est à son comble, ce n'est pas le moment où l'on fait les meilleures interventions. Je te partage mon matin catastrophe pour déconstruire le mythe du parent parfait. Bonne lecture.

Un matin catastrophique

Tranche de vie

Les gens qui me suivent depuis longtemps le savent, j’aime partager des tranches de vie de temps à autre. J’aime défaire le mythe du parent parfait, déculpabiliser les parents qui, comme moi, s’en mettent un peu trop sur les épaules. J’aime exposer les moments moins glorieux de la parentalité pour susciter des réflexions et exposer le progrès qui peuvent en ressortir. Je te raconte donc mon matin catastrophique de la semaine dernière.

Dans une période de vie où je suis un peu plus stressée et moins en contrôle de mes émotions, les enfants n’écoutent rien du tout ce matin-là. Je suis en train de faire la vaisselle en regardant l’heure filée trop vite, comme tous les matins. Pendant que je me dépêche à finir la vaisselle, Ethan vient me voir et me demande de l’aider à mettre sa montre, ensuite Estelle pour son costume de princesse, puis Ethan de nouveau pour mettre des batteries dans la lampe de poche, et ainsi de suite. Parfois je me demande comment ils font pour trouver autant de raison de dire ‘’maman’’ en si peu de temps.

Chaque fois, je réponds qu’on est pressés, que dans 2 minutes on va s’habiller et que je dois finir la vaisselle. Malgré mon stress qui monte, je réussis tant bien que mal à garder le contrôle et répondre calmement aux enfants : ‘’ce soir mon cœur, met-la sur la table pour qu’on y pense’’, ‘’j’aimerais beaucoup t’aider ma cocotte, ce n’est pas le moment, tu peux mettre les souliers tu es capable seule’’, ... Au travers de tout ça je me parle intérieurement, car je sens la colère monter et l’envie de crier est de plus en plus présente. Je me dis de garder mon calme, que ce n’est pas la solution, mais je sens bien que la patience disparait à vue d’œil.

Chaque refus de ma part fait aussi monter la tension des enfants. Au dernier refus, ça y’est … Je reçois un coup derrière les jambes :

- ’t’es pas gentille!!!’’

(Ouff… ok du calme Kat, ne crie pas)

- ‘’je comprends que tu sois en colère, mais ce n’est pas le moment Ethan, donne-moi le jouet SVP’’.

(il me frappe à nouveau, puis encore et encore tout en criant)

Je tente d’attraper le jouer, il esquive et continue de me frapper. Mes gestes sont plus brusques, je veux l’attraper ce mautadine de bâton qu’il arrête de me frapper.

- Ça suffit Ethan! Tu me donnes ça et tu t’en vas là-bas, je t’ai dit 400 fois que je suis occupée et qu’on ira s’habiller dans 2 minutes, ce n’est pas le moment !!!

(Les valves sont ouvertes)

Et le cercle vicieux débute. Je crie, les enfants écoutent de moins en moins et s’opposent à chaque étape de la routine. Je crie de plus belle et les enfants s’opposent de plus belle, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on soit enfin assis dans la voiture.

Un coup assis dans l’auto, je suis tellement fâchée que je ne parle plus. Après quelques minutes de silence, mon petit Ethan s’exprime.

- ‘’Maman, je vais faire un beau matin demain je te promets’’

Les larmes montent dans mes yeux, je sais très bien que ce n’est pas sa faute et pourtant, c’est ce qu’il pense. C’est un enfant, il a le droit, lui, de déborder... pas moi! La culpabilité m’envahit. Je dois encore garder le contrôle le temps de déposer les enfants dans leurs deux milieux de garde respectifs.

(Tiens bon Kat, ravale tes larmes encore 15-20 minutes.)

Arrivé au travail, je me sens vraiment imposteur de faire ce métier et de ne pas avoir su gérer mon matin autrement. Voilà la pression que je me mets tous les jours sur les épaules, sachant très bien que c’est complètement irréaliste.

Cette culpabilité et cette tristesse ont perduré toute la journée, j’en ai pleuré le midi en parlant à mon chum au téléphone, me culpabilisant d’être une mauvaise mère, d’avoir haussé le ton plutôt que d'utiliser mes belles petites techniques psychoéducatives.

Ces émotions négatives m’ont tout de même mené à travailler ma routine du matin et heureusement, mes idées ont fonctionné et la routine est beaucoup plus paisible depuis (pour le moment). Les tempêtes d’émotions sont normales dans la parentalité, mais je me donne comme devoir de transformer ces tempêtes en réflexions et en solutions pour progresser dans mon rôle de parent. Il faut bien que ça serve à quelque chose ces moments désagréables!

Je sais que je ne suis pas la seule à vivre des routines difficiles. Des parents m’en parlent tous les jours. Si ma tranche de vie peut te permettre de te sentir un peu moins seul.e et imparfait.e, j’aurai réussi quelque chose avec cet article!